Scorn

Pendant des années, un mystérieux jeu de tir à la première personne a attiré beaucoup d'attention pour sa présentation macabre, et au fil du temps, l'attente s'est accrue jusqu'à ce qu'il devienne l'un des titres les plus attendus de l'année, ou du moins l'un des plus intéressants en termes d'apparence.

Scorn, développé par le studio serbe Ebb Software et édité par Kepler Interactive, est un jeu qui soulève de nombreuses questions, par exemple... Est-ce un jeu d'horreur ?  Est-ce un simulateur de marche ? Quelle est l'histoire ? Et surtout, ce monde cauchemardesque vaut-il la peine d'être exploré et connu ?

Le plus beau et le plus marquant dans Scorn, c'est sans aucun doute l'expérience atmosphérique qu'il propose. On peut le qualifier de titre artistique, et à ce titre, le concept compte beaucoup et repose sur l'idée que l'on est projeté dans un monde inconnu et en décomposition. C'est comme si vous vous réveilliez d'un cauchemar qui a duré des millénaires et que vous deviez faire face à une réalité déroutante, où votre sens de l'identité a disparu depuis longtemps.

Ce sentiment est sans aucun doute renforcé par les graphismes, qui comprennent des dessins architecturaux inspirés par H.R. Giger, l'un des concepteurs de films d'horreur les plus influents de l'histoire. Le jeu s'inspire également de l'œuvre surréaliste du Polonais Zdzislaw Beksiński, dont l'influence est particulièrement perceptible dans les façades des grandes citadelles qui se dressent de manière monumentale dans les environs. Il s'agit d'un amalgame surréaliste d'architecture biomécanique et de sensualité puissante et tordue dans des paysages désolés..

En termes de gameplay, les actions concrètes du jeu consistent à marcher, à actionner des interrupteurs et à s'engager dans des combats rudimentaires avec des armes supposées appartenir à un autre monde et fonctionnant comme des armes à feu du début du XIXe siècle, tandis que le défi consiste à rester en vie et à comprendre les étranges machines biomécaniques qui entravent notre progression dans ce labyrinthe déconcertant.

Quant à l'histoire, il faut dire qu'elle est inexistante, du moins dans le sens traditionnel du terme. Car Scorn est un jeu qui vous fera travailler votre esprit en essayant de comprendre le monde qui vous entoure, en vous interrogeant sur l'origine de votre propre être, sur le but des machines et, plus généralement, sur ce qui se passe. C'est une expérience visuelle qui vaut le détour. De toute évidence, Scorn est une performance audiovisuelle plus qu'un jeu vidéo à proprement parler.

Scorn doit être joué à la loupe et chaque détail, chaque courbe, chaque cavité, chaque trou et chaque ligament doit être observé. Contempler les machines et imaginer leur origine ou leur but est le seul aperçu de l'histoire que vous aurez. Il est amusant et parfois dérangeant de penser à un monde qui n'a pas d'explication. Cela dit, l'exploration est un élément crucial du jeu. C'est une partie essentielle de l'expérience, qui permet d'ouvrir les yeux dans un endroit inhospitalier et cauchemardesque.

En conclusion, il faut jouer à Scorn, mais s'armer de patience et d'une bonne dose de curiosité et d'étonnement. Il s'agit d'un concept bien ficelé, macabrement conçu et orné d'une présentation visuelle mémorable, soignée et effrayante.